4 août 2012: Graphique illustrant l'impact de la CAQ sur les deux autres partis

Tiré de mon billet sur le blogue du JdM ce matin. Pour info, je crois que nous aurons bientôt des informations concernant les 2e choix des électeurs. Si tel sera le cas, je pourrai relaxer l'hypothèse utilisée ci-dessous que la CAQ attire des votes également du PLQ et du PQ. Mais en attendant, pour ceux d'entres vous qui devez aimer ce genre de simulations, je pense que ce graphique est intéressant.


Dans notre système électoral, la tradition veut qu'il y ait deux partis. Cependant, ce n'est plus le cas depuis bien longtemps au Québec. À l'heure actuelle, il y a trois partis au-dessus des 20% (et n'oublions pas Québec Solidaire dont la concentration du vote à Montréal fait de lui un vrai joueur sur l'île). Ainsi la question se pose: est-ce que le 3e parti fait plus de dommages aux Libéraux ou aux PQ? La réponse à cette question est naturellement fort compliquée et dépend de plusieurs facteurs. Tout d'abord, il faudrait savoir si la CAQ attire des électeurs Libéraux ou Péquistes. D'après les sondages, il semble que la Coalition attire un peu des deux. D'autre part, la réponse dépend aussi de la répartition géographique de ces votes et du mode de scrutin.
Nous tentons ici de fournir une piste de réponse en utilisant le modèle et le simulateur. Nous simulons le nombre de sièges remportés par chaque parti en fonction du résultat de la CAQ. Spécifiquement, pour chaque point de pourcentage supplémentaire pour la CAQ, nous réduisons les pourcentages du PQ et du PLQ par 0.5 point (et vice-versa). Nous faisons ainsi l'hypothèse que la CAQ attire des électeurs des deux formations de manière totalement symétrique. Le graphique ci-dessous montre les résultats. La situation de départ reste naturellement les dernières projections basées sur les derniers sondages. Vous pouvez retrouver ces projections sur le site.


Plusieurs faits sont à noter. Premièrement, on peut clairement voir la fameuse "zone payante", cette zone où chaque point de pourcentage supplémentaire se transforme en sièges. Par exemple, vous voyez que la CAQ ne fait que de modestes gains entre 0% et 20%. Mais au-delà de 25%, la pente de la courbe s'accentue clairement. Deuxièmement, le PLQ est clairement affecté plus tôt par la présence de la CAQ, alors que le PQ résiste fort bien tant et aussi longtemps que le parti de François Legault reste sous les 25%. Comment expliquer cela? La région de Québec est un facteur essentiel. En effet, les premiers sièges remportés par la CAQ se trouvent essentiellement à Québec et dans les Apalaches. Des comtés qui seraient autrement remportés par les Libéraux. Par la suite, la CAQ commence à gruger ailleurs dans le Québec francophone, en particulier le 450 où le PQ domine normalement. En passant, le fait que Péquistes et Libéraux seraient à égalités à 62 sièges (avec respectivement 42% et 43% des votes) si la CAQ n'existait pas est un résultat plutôt remarquable et qui n'a pas été imposé dans le graphique ci-dessus.
Au final, la CAQ est projeté gagnante dès que ce parti obtient davantage de votes que les deux autres partis. Un résultat qui peut sembler évident mais qui est loin de l'être avec le mode de scrutin. D'autre part, la CAQ obtient une majorité aux alentours des 34% (ou quand ce parti obtient une avance de 9-10 points sur le PQ). Il faut naturellement prendre cette simulation pour ce qu'elle est: un exercice de simulation, rien de plus. En particulier, l'hypothèse que la CAQ prend ses votes également des deux partis est une hypothèse forte. Si nous savions (via les sondages)  les deuxièmes choix des électeurs, nous pourrions possiblement relaxer cette hypothèse.
Pour Jean Charest, le scénario idéal serait que la Coalition atteigne les 25%, mais en restant derrière dans la région de Québec. Ainsi, le PLQ ferait le plein dans quelques régions clés (Montréal, Outaouais et Québec), alors que le PQ et la CAQ se diviseraient le reste des comtés francophones. À l'heure actuelle, cela reste la meilleure chance pour le Premier Ministre sortant de conserver son poste (minoritaire cependant).