Une alliance PQ-QS?

J'ai écrit sur ce sujet à plusieurs reprises déjà mais avec le dernier sondage Léger et le congrès de Québec Solidaire cette fin de semaine, les discussions sur une éventuelle alliance électorale entre le PQ et QS vont bon train.

Sleon le sondage Léger, une telle alliance récolterait 39% des voix, loin devant le PLQ et ses 29%. J'ai déjà exprimé mes doutes sur ces chiffres dans mon billet d'hier, mais regardons cela de plus près.

Premièrement, je crois que toute simulation d'une telle alliance se doit de partir du principe que le PLQ ne perdra aucun de ses électeurs. Le sondage montrait les Libéraux passant de 32% à 29%. Cela n'a pas de sens. Le PLQ conserverait tous ses votes et en recevrait des nouveaux: quelques rares électeurs de QS ou du PQ qui ne voudraient pas d'une telle alliance ainsi que certains électeurs CAQ qui se rangeraient derrière le PLQ afin de contrer cette coalition.

Deuxièmement, je crois aussi qu'il est important de tenir compte du fait que certains électeurs PQ et QS refuseront cette alliance et ne voteront pas. Le sondage Léger n'avait pas cette option. En me basant sur les précédents sondages sur la question, j'ai ainsi estimé que 10% des électeurs PQ et QS ne voteraient pas en cas d'alliance.

Aussi, soyons clairs, l'alliance en question n'est pas une fusion ou coalition mais un retrait mutuel de candidats dans certains comtés.

Les partisans Péquistes et Solidaires ont toujours montré qu'ils suivraient une telle alliance. Le dernier Léger confirme cette tendance. En gros, 80% (et plus) des électeurs de ses deux partis soutiendraient un tel candidat unique. Remarquez que les sondages n'ont jamais séparé ce taux en fonction de si le candidat unique est du PQ ou de QS, mais oublions cela pour l'instant.

Un parti qui semble toujours fortement affecté est la CAQ. Cette dernière perdrait des électeurs au profit du PLQ (mentionné ci-dessus) ainsi que du PQ-QS (imaginons des électeurs qui voudraient vraiment se débarasser des Libéraux et verraient cette alliance comme ayant les meilleures chances). Une polarisation du paysage politique québécois ne serait pas une bonne nouvelle pour le parti au milieu.

En faisant les ajustments mentionnés ci-dessus, voici mon estimation des résultats en cas d'accord PQ-QS:



Vous pouvez le voir, on est loin des 39% du sondage. Je trouve cela normal. Le PQ est à 24% et QS à 14%. Une alliance ne peut pas donner lieu à un résultat plus grand que la somme des deux (même en incluant les reports CAQuistes). Mes calculs reposent certes sur certaines hypothèses, mais je trouve les résultats bien plus crédibles que les chiffres du sondage.

En termes de sièges, voici les résultats.


Remarquez bien que j'ai mis un candidat unique dans les 125 comtés. Dans bien des cas (les 27 sièges PQ et 5 sièges QS avant l'alliance par exemple), avoir un candidat unique ne fait que renforcer la marge de victoire ou ne change rien (le PLQ gagne toujours dans Westmount). Je l'ai souvent dit: le vrai défi est de trouver la liste des cicrconscriptions où un tel candidat unique serait utile. Nous savons qu'Amir Khadir a une liste de 30 comtés. Voyez le résultat ci-dessus comme le borne supérieure de ce qui pourrait arriver. Car en réalité, il est fort possible que le PQ et QS fassent le "mauvais" choix de certaines circonscriptions. Après tout, la liste des comtés où une division du vote opère dépend des intentions de votes. Et celles-ci peuvent changer rapidement.

Alors, cette alliance, une bonne idée? À première vue, oui. Mais il y a plusieurs bémols. Tout d'abord, remarquez qu'une telle alliance ne gagnerait qu'une toute petite majorité. Une minorité serait possible. Ensuite, le PLQ n'est pas vraiment affecté. Ce n'est pas la première fois que je montre cela. Aussi, les résultats ci-dessus dépendent en bonne partie de la réponse non seulement des électeurs PQ et QS, mais également de la CAQ. Si Legault arrivait à conserver plus de 80% de ses partisans, les gains pour le PQ-QS seraient moins importants.

Au final, il y a un potentiel certain pour un accord électoral entre le PQ et QS. Mais entre psoer une question hypothérique dans un sondage et le faire en vrai, il y a beaucoup de différences. De plus, un tel accord ne garantirait pas une majorité au PQ+QS. Dans les faits, si l'on tient compte du fait que ces partis ne présenteraient pas un candidat unique dans tous les comtés, cela pourrait ne pas garantir une victoire! Finalement, les sondages et mes simulations ne peuvent anticiper les effets sur la campagne. Celle-ci serait fort différentes. Par exmeple Couillard (et Legault) passeraient leurs temps à dire que le PQ et QS proposent la même chose, etc.