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Hier, nous avons eu deux nouveaux sondages. Un de Léger publié dans Le Devoir et la mise à jour quotidienne de Mainstreet (réservé aux abonnés). La principale différence entre eux? Léger avait QS à seulement 8% (et en baisse par rapport au précédent sondage) alors que Mainstreet voit la formation de gauche à 13.7% (et en progression).

Cela semble un peu bizarre? Pouvons-nous expliquer les différences avec les marges d'erreur? C'est l'objet de cet article.

Note: cet article n'a pas pour but de déterminer quelle firme a raison. C'est impossible puisqu'il nous faudrait une élection!

Pour ceux qui ne veulent pas lire un long article plutôt technique, voici la conclusion:

- Les différents sondages ne s'entendent pas sur le score de Québec Solidaire. Les sondages en ligne ont tendance à placer ce parti bien plus bas que les sondages faits par appels automatisés. Pourquoi? Je l'ignore? Qui a raison? J'ai déjà dit qu'on ne pouvait pas savoir.


La différence entre Léger et Mainstreet a même généré hier sur Twitter quelques commentaires de la part du président de Mainstreet:


ou du vice-président de cette firme:


Ok donc regardons cela de plus près. Remarquez qu'ils parlent aussi de l'énorme différence auprès des 18-34 ans mais je vais l'ignorer pour l'instant (les tailles d'échantillons sont vraiment faires pour ce groupe. Je recommande cet article de Prime à l'urne qui se penche sur la question).

Premièrement, il est important de s'entendre sur la différence entre les deux firmes. Les chiffres ci-dessus sont ceux après répartition proportionnelle des indécis. Or Léger a 15% d'indécis (indécis ou refus de répondre; je ne compte pas ceux qui disent ne pas voter) alors que Mainstreet n'en a que 4.4% (je compare ici les deux sondages après la question de relance dans laquelle les indécis se font demandés s'ils penchent pour un parti; ces 15% d'indécis chez Léger le sont donc complètement, même après la relance). On voit déjà une différence ici, probablement due à la méthodologie employée. Les sondages en ligne (comme le Léger) ont tendance à avoir davantage d'indécis que les sondages par appels automatisés comme ceux de Mainstreet.

Si l'on regarde le score de QS avant répartition, ce parti est à 13.1% chez Mainstreet et 6% chez Léger! C'est moins de la moitié! C'est une différence énorme. Et je crois que ce sont ces chiffres ici qui devraient nous intéresser, pas ceux après répartition des indécis (car il s'agît d'une hypothèse, il n'y a pas forcément de raison de penser que les indécis voteront comment les électeurs décidés. Or c'est exactement l'hypothèse faite). Je vais faire les calculs avant et après redistribution, juste pour être sûr.

Est-ce une différence statistiquement significative? Utilisons l'outil sur mon site pour y répondre (note: le Léger a 1010 observations, le Mainstreet 2655). La réponse est oui, une différence de 7.1 points est largement significative. Dans les faits, étant données les tailles d'échantillons et le score de QS dans ces sondages, toute différence supérieure à 1.9 points est significative. Si vous préférez les chiffres après répartition, la différence de 5.7% (13.7 vs 8) est super significative aussi (toute différence supérieure à 2.7% est significative.

Ok, donc ces deux sondages ont possiblement été malchanceux dans leur échantillonnages. Un a obtenu un échantillon avec davantage de Solidaires par exemple. Mais quelles sont les chances que cela arrive?

J'ai fait 2x10,000 simulations avec les deux tailles d'échantillons. Je suis parti du principe que le vrai score de QS était exactement entre les deux estimations de Léger et Mainstreet (9.55% avant répartition, 10.85% après).

Combien de fois, sur 20,000 simulations, ai-je obtenu les résultats de ces deux firmes? Zéro! Pour les simulations avec la taille d'échantillon de Léger, sur 10,000 simulations, le plus bas score de Québec Solidaire avant répartition était 6.3%, donc davantage que 6%. Soyons bien clairs ici sur ce que cela signifie: si Québec Solidaire était vraiment à 9.5% dans la population (donc son vrai niveau) et que vous preniez 10,000 échantillons aléatoires de cette population (chaque échantillon ayant 1010 observations), il n'y aurait pas un seul échantillon où QS serait si bas. Du moins ce n'est pas arrivé pour mes simulations. Similairement, si QS était à 9.55% et que vous preniez 10,000 échantillons de 2655 observations, le plus haut score serait de 11.6%!

En utilisant plutôt les chiffres après répartition, j'ai que 53 simulations sur 10,000 ont QS à 8% ou moins, soit 0.05%! Et j'ai obtenu une seule simulation où QS était à 13.7% ou plus. Donc techniquement possible mais vraiment, vraiment peu probable.

Certains d'entre vous seront septiques. Mais rappelez-vous que si un parti est à 9.5% et que l'échantillon est de 1010 observations, la marge d'erreur est de 1.8%, donc très faible (et encore plus faible pour la taille chez Mainstreet). Avoir un échantillon où ce parti se retrouve plus de 3 points au-dessus (Mainstreet) ou 3.55 points en-dessous est très, très improbable.

Qu'est-ce cela veut dire? En gros, l'une de ces firmes a tort. Il est juste trop improbable que ces deux firmes aient simplement été malchanceuses et que faire la moyenne entre les deux soit valide.

Heureusement pour nous, nous avons d'autres sondages! Ipsos a QS à 8% (toujours avant répartition), Crop à 8 aussi et Forum à plus de 12%. Cela ne semble pas aider mais on commence à voir une tendance. Les sondages IVR (appels automatisés) de Forum et Mainstreet ont QS à 12-13% alors que les sondages en ligne (Crop, Léger et Ipsos - note: Ipsos est 2/3 en ligne et 1/3 via appels téléphoniques non automatisés) ont ce parti à 6-8%.

Et puisque les sondages en ligne ont davantage d'indécis, une fois ceux-ci répartis, les estimations de QS semblent un peu plus proches les unes des autres (Crop avait QS à 10%, Ipsos 11%, Forum 13%), bien que le 8% de Léger continue d'être très bas et un possible outlier en bon français. Après répartition, la moyenne des sondages IVR nous donne QS à 13.4% et la moyenne en ligne 9.7%. Si j'exclus le Léger nous obtenons 13.4% vs 10.5%. La différence persiste mais est atténuée.

Et voilà que je commense à avoir des cauchemards. Lors de l'élection Ontarienne cet été. les sondages IVR ne s'entendaient pas avec les sondages en ligne. Au final les sondages IVR sont ceux qui ont eu raison. Mais je déteste cette situation car je ne peux pas savoir à priori. Ou je prends ma chance et j'y vais avec une ou l'autre méthode, ou je fais la moyenne (tout en sachant que ce n'est surement pas valide ici). Au moins les deux méthodes semblent surtout diverger pour le score de QS et pas des autres partis (mise à jour: ceci n'est pas complètement vrai. Mainstreet a aussi le PLQ bien plus faible -genre vers les 27%). Il n'empêche que ce n'est de loin pas optimal.

Et vous, qui croyez-vous? QS à 12-13% ou bien plus bas?
Le Devoir (et The Gazette) publie un nouveau sondage Léger ce matin. Les chiffres de ce dernier sont très proches de la moyenne. Le PLQ y est en progression (pas statistiquement significative) alors que QS se retrouve à son plus faible niveau de cette campagne (Léger semble moins favorable à QS que les autres firmes de manière générale).

Le titre de l'article du Devoir est "Tout est encore possible". Est-ce vraiment le cas? Regardons les projections. Ces projections incluent aussi le nouveau Mainstreet de ce matin, ainsi que les récents Forum, Crop et Ipsos.

Intentions de vote; Projections de sièges avec intervalles de confiance; Chances de remporter le plus de sièges

Voici les différents scénarios possibles:


Les projections par comté sont au bas de ce billet.


Je ne ferai pas un mur de texte (j'en ai assez écrit cer derniers jours), mais voici quelques remarques.

- La CAQ reste confortablement en tête. Une avance de 5 points ne garantit pas à Legault de devenir Premier Ministre en octobre, mais si les élections avaient lieu demain, cela prendrait une erreur monumentale des sondages pour que la CAQ ne prenne pas le pouvoir. Or, tel que démontré hier, les sondages au Québec et Canada sont en général fiables.

- Non seulement la CAQ a-t-elle 90% de chances de remporter plus de votes que le PLQ, la concentration du vote Libéral chez les non-francophones fait en sorte que le PLQ doit en fait gagner le vote populaire par environ 3 points. Ainsi, la CAQ n'a pas une avance de 5 points mais plutôt de 8. Encore une fois, il est incroyablement rare que les sondages se trompent par autant. Mais c'est possible en effet, tel que le Devoir le disait. Mais possible ne signifie pas probable, de loin pas.

- Le PQ n'a aucune chance de terminer premier actuellement. Et après presque une semaine de campagne, on ne voit aucun signe indiquant une remontée du parti de Jean-François Lisée. Que cela vous fasse plaisir ou pas, la seule incertitude actuellement liée au PQ est de savoir si ce parti finira devant Québec Solidaire. Les probabilités actuelles sont de 99% que le PQ récolte davantage de vote et 93% qu'il obtienne plus de sièges.

- Concernant Québec Solidaire, j'en ai parlé hier sur Twitter mais selon Google Trends, Manon Massé génère davantage de recherches que les autres chefs. C'est assez étonnant et je n'ai jamais vu un ou une cheffe d'un petit parti dans cette situation. Le graphique ci-dessous vous montre les tendances en date d'hier.



Voilà, je n'ai rien de plus à ajouter. Ce sondage ne fait que confirmer la situation générale que nous savions déjà. Cette élection n'a pas encore fait bouger les aiguilles de quelque manière que ce soit. Peut-être que les gens n'accordent pas encore assez d'importance à cette campagne et que cela changera au début septembre (ou vers les débats). Si vous voulez davantage d'incertitude, le seul signe positif est que la CAQ ne s'envole pas. Elle semble bloquée vers les 35-37% et cela fait en sorte qu'elle reste quelque peu vulnérable. Et les 2e choix confirment que la CAQ pourrait perdre tant au PLQ qu'au PQ. Verrons-nous une remontée de ces deux partis dans les prochaines semaines? Tout est possible, right?


Projections détaillées:

Pas de mise à jour des projections ce matin puisqu'il n'y a pas eu de nouveau sondage (Mainstreet publie à tous les jours mais les changements sont faibles). Vous pouvez regarder les projections d'hier si vous voulez.

Ah les sondages! Magnifiques pour certains, outils anti-démocratiques et faux pour les autres. Je ne compte ici faire un débat sur l’utilité ou l’influence des sondages. Mon but est assez simple : mesurer la fiabilité des sondages au Canada et au Québec en particulier. Une question spécialement pertinente pour moi. En effet, mes projections ne seront fiables que dans la mesure où les sondages le sont également.

Soyons clairs ici, ce billet ne parlera pas des changements dans les intentions de vote durant une campagne. Oui Justin Trudeau était projeté avec très peu de chances au début de la campagne 2015 et a finalement gagné (le PLC était 3e à 25%). Cela ne signifie pas que les sondages du début de campagne étaient faux! Non, le but ici est de regarder les derniers sondages parus lors d’une campagne et de les comparer aux résultats.

Je vais utiliser des données des élections au Québec (2008, 2012 et 2014) ainsi que de l’Ontario, Alberta, Colombie-Britannique et des trois dernières élections fédérales.

Voici la méthodologie :

1) Collecter les sondages de fin de campagne. Wikipédia est en général très utile pour cela. J’utilise les sondages de la dernière semaine de campagne. Un seul sondage par firme. Moyenne simple, pas de formule compliquée basée sur la taille d’échantillon ou avoir été oublié 1 jour plus tôt (une étude faite par David Coletto d’Abacus et moi-même a montré que tous ces effets n’étaient pas significatifs).

2) Comparer cette moyenne aux résultats. En général pour les 3-5 partis majeurs (cela dépend de la province; Pas de règle stricte mais en général il s’agît simplement des partis inclus dans les sondages).

3) Calculer l’erreur absolue moyenne ainsi que les vraies marges d’erreur.

Un peu d’explications sont nécessaires pour le troisième point. L’erreur absolue est la suivante : imaginons que que le Parti Libéral soit à 25% dans les sondages mais récolte 27% le soir de l’élection. C’est une erreur de 2 points. L’erreur absolue serait la même si les sondages avaient plutôt surestimés ce parti par 2 points, à 29%. Prendre la valeur absolue est importante car sinon les erreurs s’annuleraient (entre partis) et cela nous donnerait la fausse impression que les sondages sont parfaits.

La « vraie marge d’erreur », ou marge d’erreur effective, est une mesure de l’incertitude des sondages dans le monde réel. Ce n’est pas la même chose que l’erreur absolue dans le sens où cette erreur est juste une moyenne alors que la marge d’erreur nous donne une idée de la distribution des erreurs. En d’autres mots : la marge d’erreur nous fournit le niveau d’incertitude des sondages, pas seulement la précision absolue. Les marges nous donnent un intervalle dans lequel le résultat actuel devrait y être 95% du temps.

Les sondages publient tous une marge d’erreur (le plus ou moins 3% 19 fois sur 20). Mais cette marge est théorique (et fausse en fait. Un parti à 45% n’a pas la même marge qu’un parti à 5%, mais oublions cela pour l’instant). Laissez-moi vous expliquer. Il y a essentiellement trois sources d’incertitude pour les sondages :

a) Le fait qu’on ait seulement un échantillon de la population
b) Le fait que les gens peuvent changer d’avis entre le moment où ils ont répondu au sondage et le moment de voter. Les gens peuvent aussi mentir.
c) Le fait que le sondage ne sonde pas les bonnes personnes. Imaginons un sondage où vous ne demander qu’aux francophones au Québec, oubliant les anglophones.

Les marges d’erreur des sondages ne tient compte que du point a). C’est une source importante d’erreur mais dans les faits, avec la multitude de sondages que nous avons, cette erreur est quasi nulle. En effet lorsque je fais une moyenne entre 5-6 sondages, la marge d’erreur devient très, très petite. S'il s'agissait de la seule source d'incertitude, faire une moyenne des sondages devrait nous donner des résultats super précis. Mais ce n'est pas le cas (et cela explique aussi pourquoi je m'en fous un peu de ces marges d'erreur. En particulier le débat sur les sondages en ligne qui n'ont pas un échantillon probabilistique est une perte de temps complète selon moi).

Mais les sondages ne sont pas parfaits, cela veut dire que b) et c) sont importants. B) peut se produire lorsqu’un évènement de dernière minute arrive ou que beaucoup d’électeurs étaient indécis entre deux ou trois options. Il y a aussi des cas où les gens cachent leurs vraies intentions. C’est possiblement le cas lorsqu’il y a des partis d’extrême droite (bien que cela ne semble plus tellement être le cas ces dernières années). Possiblement le cas au Québec avec la prime à l'urne des Libéraux.

Finalement, c) peut survenir lorsque les sondages font une erreur de ciblage. Aux USA en 2016, les sondages n'ont semble-t-il pas inclus assez de « hommes blancs sans éducation universitaire » dans leurs échantillons. Cela a sous-estimé Trump dans plusieurs États clé. Les sondages en général utilisent la pondération du recensement mais cela ne fonctionne pas quand les électeurs diffèrent substantiellement de ce recensement (15% de blancs sans éducation mais ils représentent 25% des électeurs disons).

Ce billet n’essaie pas d’estimer lequel de a, b ou c est plus important. Je mentionnais cela uniquement pour vous convaincre que les sondages ont une précision réelle bien plus faible que la précision théorique.

Sur ce, regardons les chiffres.

1. Au Québec seulement.

Prime à l’urne aux Libéraux? Autre source d’imprécision? Voici ce que nous obtenons pour les trois dernières élections.



Première remarque : les sondages avaient été vraiment très bons en 2014 mais moins bons tant en 2012 qu’en 2008. Tout le monde se souvient de 2012 car les Libéraux avaient failli créer la surprise en n’échouant qu’à 4 sièges du PQ. Le PLQ avait été sous-estimé par les sondages pas près de 5 points! Les gens ont probablement oublié que les sondages n’avaient déjà pas été extraordinaires en 2008 alors qu’ils avaient légèrement surestimé les Libéraux (la seule fois) et sous-estimé le PQ.

Une précision moyenne absolue de 1.6 points est assez bonne. Mais souvenez-vous qu’il s’agît d’une moyenne. En 2012 l’erreur moyenne n’était que de 1.9 points mais, tel que mentionné ci-dessus, le PLQ était près de 5 points trop bas. La moyenne est baissée car les sondages avaient par exemple estimé la CAQ quasi parfaitement. Dans les faits, chaque élection a eu un parti relativement loin des sondages (PQ sous-estimé par 2.8 pts en 2008, PLQ en 2012 et PLQ encore en 2014 mais seulement par 1.4 pts).

Une marge d’erreur de 3.8 points signifie que même après avoir fait une moyenne de plusieurs sondages, il reste une incertitude considérable. Si vous voulez créer des intervalles de confiance à 95% (donc un degré élevé de certitude), il vous faut ajouter et soustraire 3.8 points à chaque parti. Dans le cas de l’élection actuelle, cela signifie que le PLQ pourrait être à 34% et la CAQ à seulement 33% par exemple. Encore une fois, certains d'entres vous vont me dire que c'est proche du plus ou moins 3% des sondages mais ce n'est pas la même chose. Le plus ou moins 3% est l'incertitude théorique d'un seul sondage. Ce 3.8% est l'incertitude empirique de la moyenne.


2. Au Canada en règle générale

J’avais publié un article similaire, en anglais, lors de l’élection Ontarienne. Voici le graph (en anglais, dsl je ne voulais pas le refaire juste pour ce billet).



Si vous incluez les deux vraiment grosses erreurs en Alberta 2012 et CB en 2013, la marge d’erreur est de plus de 5 points! Cela veut dire que lorsqu'un parti est sondé, en moyenne, à 35%, il vous faudrait en fait imaginer plutôt un intervalle allant de 30 à 40%!


Conclusion

Les sondages, tant au Québec qu’au Canada ces dernières années, sont plutôt bons. Ils ont cependant quelques râtés majeurs comme au Québec en 2012, Alberta 2012 ou CB 2013 (il y a aussi de plus petites erreurs telles que l’élection fédérale de 2015 avec une sous-estimation importante du PLC, en particulier au Québec ou la récente élection Ontarienne où les sondages téléphoniques avaient tout bons mais les sondages en ligne étaient dans le champ. Note : de manière générale, je n’ai pas trouvé de différence systématique entre les deux méthodes).

Qui plus est, même lorsque les sondages sont plutôt bons, il reste une incertitude importante. Dépendamment des élections incluses dans le calcul, on parle de marge d’erreur pour la moyenne des sondages de 4-5%.


Voici mon avis personnel: les sondages sont fiables dans une certaine mesure. Espérer une précision absolue alors qu'ils essaient de mesurer quelque chose de difficile (les intentions de votes, qui sont une fonction de la participation, etc) est une erreur. Nous n'aurons jamais de précision absolue et les surprises arrivent relativement souvent, parfois petites, d'autres fois très grandes.

Cela ne veut pas dire cependant qu'il faut commencer à dire "tout peut arriver". Non, le fait est que votre parti est en bien meilleure position de gagner s'il est sondé en tête à quelques jours de l'élection. Ne prenez pas les 2-3 cas où les sondages avaient carrément le mauvais parti en tête comme étant la norme. Ce sont bel et bien des exceptions. L'espoir fait vivre mais peu aussi être trompeur.

C'est pourquoi je passe autant de temps à faire mes simulations et à les calibrer correctement selon la fiabilité moyenne des sondages. C'est aussi pour cela que je vous recommande de regarder surtout les chances de gagner et pas seulement le nombre de sièges en moyenne.
Près de 80% des Québécois sont francophones (le chiffre exact dépend de si vous utilisez la langue maternelle, d'usage, etc). Remporter ce groupe démographique est ainsi important dans l'optique de gagner le plus de sièges (bien que les Libéraux n'aient jamais terminé premier depuis 2008, ils compensent largement avec les non-francophones). Un regard sur ce vote francophone peut ainsi être très instructif.

Avant de continuer, voici les projections mises à jour ce matin. Elles incluent le sondage Forum publié hier. Pour rappel, Forum avait été la meilleure firme en 2014 (et en Ontario il y a 3 mois) mais ses sondages ont une vilaine habitude d'être... bizarres ou différents durant la campagne. Certains disent que Forum ne porte attention à ses chiffres que vers la fin. Il n'empêche que même ses sondages "off" capturent en général assez bien la tendance ou les changements. J'ai aussi les chiffres du Mainstreet de dimanche.

Ces projections n'incluent pas les 2 sondages commandés par le PQ dans Rosemont et Joliette. Si les chiffres dans Rosemont étaient relativement crédibles, ceux dans Joliette sont plus difficiles à accepter.


Les projections détaillées sont disponibles à la fin de ce billet.

Ok revenons aux francophones.

J'ai décidé de regarder les sondages et résultats électoraux depuis 2008. Estimer le vote des franco n'est pas des plus simples car nous n'avons pas les résultats par groupes linguistiques. Ainsi, j'ai utilisé un mélange des sondages (qui séparent les chiffres franco/non-franco) et quelques estimations en utilisant les résultats électoraux et la proportion de franco dans chaque comté. Les deux systèmes ont donné des résultats très similaires et j'ai simplement fait la moyenne.

Sans plus attendre, le graphique ci-dessous vous montre les résultats.



Quelques observations.

- En 10 ans à peine, le PQ est passé du parti dominant chez les franco à la 3e place possiblement. Un déclin continuel à chaque élection. Ajoutez à cela le score très faible du PQ chez les 18-34 selon les sondages et on peut légitimement se demander si ce parti va exister dans 10 ans.

- Le PLQ fait le même zig-zag que dans les intentions de vote générales. Cela étant dit, malgré un résultat global similaire en 2008 et 2014 (environ 42% du vote), ce parti était plus faible en 2014 qu'en 2008 chez les franco. Cela explique pourquoi mon modèle de 2014 surestimait le nombre de sièges PLQ avec les pourcentages de votes de l'élection. Le PLQ avait atteint les 42% en 2014 en grande partie grâce à plus de 80% des non-franco votant pour lui (contre 60% en 2012 et 65% actuellement selon les sondages) et une forte hausse de la participation de ces non-franco (preuve de cette hausse: le nombre total de votes dans l'ouest de l'île avait été pour la première fois plus élevé que le total dans l'est).

Cette information est potentiellement cruciale afin d'avoir des projections précises cette année. Certains sondages ont montré un Parti Libéral bien plus faible chez les non-franco que d'habitude. Si le PLQ devait perdre une majorité de ses appuis chez les non-franco, cela pourrait ne pas lui coûter cher en termes de sièges. Imaginez un scénario où le PLQ continue de gagner l'ouest de l'île mais avec des marges plus petites. Je n'ai pas encore formellement inclus cet élément dans le modèle mais je le ferai d'ici peu.

- La CAQ est absolument dominante cette année. Dans les faits, ce graphique pourrait être titré "pourquoi cette élection n'est actuellement pas compétitive". Au minimum cela devrait vous convaincre de la validité des chances de la CAQ ci-dessus (environ 96%).

En conclusion: le PLQ se retrouve essentiellement au niveau de 2012, la CAQ est largement devant et a changé de place avec le PQ en 10 ans. Cette élection sera longue mais tant que la CAQ récoltera plus de 40% du vote des francophones, il n'y aura pas vraiment de course ou suspense.



Nous avons maintenant eu des sondages de Mainstreet, Léger, Crop et Ipsos. Cela nous donne un assez bon échantillon pour faire la moyenne et nous donner une idée des forces en ce début de campagne.

Pour vous, lecteurs pressés, voici les projections actuelles. Si vous avez le temps de lire une analyse plus approfondie, c'est après le graphique.

Intentions de vote; Projections de sièges avec intervalles de confiance; Chances de remporter le plus de sièges

Les projections détaillées sont disponibles à la fin de cet article.

Quant aux scénarios possibles (d'une majorité CAQ à une minorité Libérale), voici les probabilités:


Une majorité Libérale est techniquement possible, mais avec 45 cas sur 10,000 simulations, cela s'arrondie à zero pourcent.


1. Les sondages

À l'exception du sondage Crop, ils s'entendent tous plutôt bien. La CAQ est devant vers les 32-36%, le PLQ est 2e vers les 27-30% alors que le PQ est 3e sous la barre des 20% et QS est aux alentours des 10-11%. Le Crop voit les Libéraux à 36%, soit significativement plus élevés que les autres.

Du point de vue des régions, les sondages montrent le PLQ en tête dans la grande région de Montréal (mais loin derrière la CAQ en banlieue), la région de Québec est touter acquise au parti de François Legault, tout comme le reste du Québec (dans une moindre mesure). La Coalition est largement devant chez les franco, alors que Libéraux et Péquistes se bataillent pour la 2e place (ce qui n'est vraiment pas bon signe pour le PQ!).

La situation est potentiellement intéressante chez les non-franco. Le PLQ semble y être possiblement en forte chute par rapport à 2014. Certains sondages plaçant ce parti à peine au-dessus des 50%. La CAQ fait des petits gains dans ce groupe mais son score est en fait plus faible qu'en 2012. Les non-franco semblent très divisés et tant les Verts que le parti Conservateur y font relativement bonne figures. Il faudra voir si cela se confirme durant les 5 semaines de campagne ou si les anglo retourneront au bercail (PLQ). Remarquez qu'une baisse des Libéraux chez les non-franco pourrait ne pas coûter cher en sièges tant l'avance Libérale dans les comtés anglophones est énorme. Ainsi, le vote Libéral est plus efficace que d'habitude.

Autre élément important des sondages: tant le désir de changement que les enjeux importants sembles favoriser la CAQ. Legault et son parti sont vu comme l'option du changement, bien davantage que Lisée et le PQ. Aussi, les deux thèmes principaux (santé et impôts) semblent de bons dossiers pour la CAQ. Le PLQ voudrait plutôt que les gens parlent de son bilan économique, mais quand l'économie va bien, les gens ont tendance à l'oublier!

Je l'ai dit sur Twitter, mais je crois que ce début de campagne sera très important pour le PQ. Ce parti se doit de redevenir pertinent, sinon il risque de juste tomber complètement. Si Lisée arrive à grapiller quelques pourcents à Legault en ce début de campagne (et, subjectivement parlant, il semble que le PQ fasse davantage parler de lui avec ses propositions), cela pourrait créer une dynamique très différente.

Google Trends semble confirmer que le PQ a au moins réussit à générer de l'attention en ce début de campagne.

 


2. Les projections

La CAQ profite de son avance et de son avantage chez les francophones et est projetée en première place. Ses chances de finir en première en termes de sièges sont de 90% environ. Une avance relativement confortable, mais souvenez-vous que le Québec est volatile. La CAQ est perçue comme un parti au centre et récolte des votes tant du PQ que du PLQ (et de QS en fait). Mais cela veut dire que la Coalition peut perdre des votes partout. Le PLQ à l'inverse semble moins enclin à perdre ses appuis. Tout cela pour dire que 90% de chances c'est bien, logiquement, mais n'interprétez pas ce chiffre comme Legault ayant déjà gagné. Si l'élection était demain, cela prendrait en effet une erreur monumentale des sondages pour que la CAQ perde. Mais voilà, l'élection n'est pas demain.

Remarquez aussi que malgré son avance, les chances d'une majorité CAQuistes ne sont que 56%.

La situation du PQ est potentiellement la plus intéressante. À 9 sièges, ce parti se retrouve loin derrière les deux autres et à peine devant QS. Mais son intervalle de confiance va de 5 jusqu'à 19. Cela veut dire qu'il suffirait que les sondages sous-estiment un peu le PQ pour que ce derneir récolte bien davantage de sièges que son total actuel.

Regardons les distributions des sièges possibles pour chaque parti pour nous donner une idée de L'incertitude qui existe. Une incertitude créée par les sondages (ils ont, en moyenne, une erreur proche de 2 points de pourcentage par parti, ce qui se traduit par des marges d'erreur effectives de plus de 5%!) ainsi que la distribution des votes.


Ce n'est de loin pas l'élection la plus incertaine qui soit. L'avance de la CAQ, couplée au fait que le PLQ doit probablement remporter le vote populaire par 3 points pour espérer remporter davantage de sièges, font en sorte que les trois distributions ne se chevauchent pas tant que ça. Mais 5 semaines de campagne vont peut-être changer cela.

Sur ce, bonne campagne! Vous pouvez compter sur moi pour poster des articles régulièrement. Je ne promets pas à tous les jours (pas pendant 5 semaines!) mais je ferai de mon mieux.


Projections détaillées, comté par comté:



Cette campagne n'est pas officiellement commencé, mais tout le monde est déjà en mode campagne.
Pour preuve, Mainstreet nous fournit déjà ses sondages quotidiens (accès payant sur leur site)

Couplé au dernier Léger de cette fin de semaine, cela nous donne une idée de la situation en ce d.but de campagne.

En faisant la moyenne du Léger et du Mainstreet de lundi, cela me donne les projections suivantes:

Intentions de vote; Projections de sièges avec intervalles deconfiance; Chances de remporter le plus de sièges

Vous trouverez les projections détaillées à la fin de ce billet. Ce sont des projections encore préliminaires et plusieurs ajustements seront requis. Aussi, pour la 10e fois: si vous voyez (mettons) le PQ à 0% dans un comté, je ne pense pas vraiment que ce parti recevra exactement 0%. Cela signifie simplement que ce parti était faible en 2014 et qu'il a baissé depuis. Ça ne change rien que la projection l'ait à 0% ou 1%.

Je suis davantage intéressé à parler des possibles variations et des scénarios pour chaque parti.

Les deux sondages indiquaient qu'une partie non négligeable des électeurs pouvait encore changer d'avis. Selon Léger, 45% disaient qu'il était probable qu'ils changent d'avis. Chez Mainstreet, c'était aussi plus de 40% des électeurs qui étaient très ou assez probable de changer.

Selon Léger les électeurs CAQuistes étaient les moins sûrs (parmi les trois grands partis) mais Mainstreet a l'inverse. Comme d'habitude, je ferai une moyenne.

Mainstreet a aussi les 2e choix. Sans révéler tous leurs chiffres (payants...), la CAQ  semble pouvoir aller chercher tant au PLQ qu'au PQ, ce dernier peut aller chercher des votes chez la CAQ et QS, alors que le PLQ est un peu isolé et ne semble pouvoir faire des échanges qu'avec la CAQ (et les électeurs Libéraux sont aussi ceux avec la plus grande proportion de ceux qui n'ont pas de 2e choix -plus de 50%). Rien de bien surprenant.

Sachant tout cela, nous pouvons calculer des scénarios, allant du pire au meilleur.

Pire scénario: un parti ne conserverait que les électeurs se déclarant actuellement sûrs (ou très peu probables de changer d'avis). En moyenne, cela veut dire perdre 40% des ses appuis.

Meilleur scénario: conserver 100% de ses électeurs actuels plus recevoir des votes des autres partis. Prenons un exemple concret: 35% des électeurs CAQ peuvent changer d'avis. Parmis les CAQuistes, 17.8% ont le PLQ comme 2e choix. Cela veut dire que les Libéraux peuvent aller chercher 35% x 17.8% chez la CAQ. Et ainsi chez le PQ et QS (même concept mais les pourcentages sont plus petits). Ce n'est de loin pas une science exacte (il se peut que les 2e choix de ceux qui sont moins sûrs soient différents). Mais je fais avec l'info disponible.

Le tableau ci-dessous vous montre les intervalles possibles pour les 4 principaux partis (les chiffres sont des pourcentages).



Le PQ est le parti le plus éloigné de son maximum tandis que le PLQ est le plus proche. Cela ne veut pas forcément dire que le PQ va augmenter cependant, mais cela montre que c'est possible.

Pour le PLQ, le fait que le maximum actuel est à peine vers les 32-33% n'est pas bon signe. Rappelons que le parti de Philippe Couillard a besoin de battre la CAQ par 3 points pour espérer remporter le plus de sièges. Cela veut dire que les Libéraux doivent soit espérer que le parti de Legault va chuter lourdement ou que les sondages actuels sous-estiment massivement le PLQ.

Bon voilà, nous avons notre point de départ et une idée de la marge de manoeuvre pour les intentions de vote. Nous verrons dès vendredi ce qui arrivera. Je vais m'aventurer sur une prédiction non-scientifique: je crois que le début de campagne sera incroyablement important pour le PQ. Si Lisée devait continuer de baisser, il arriverait rapidement à une situation sans retour possible où ses votes iraient à la CAQ et à QS. Cela voudrait aussi probablement dire que la CAQ gagnerait à coup sûr. À l'inverse, si Lisée arrive à se donner un petit élan et à faire baisser la CAQ, cela pourrait nous donner une dynamique intéressante avec une course à trois. Pour ces raisons, je suis surtout intéressé par la performance du PQ et de Lisée dans les prochains jours.

Autre chose à surveiller: le PLQ et le vote des non-franco. Les sondages montrent que ce parti pointe maintenant vraiment bas chez ce groupe (relativement parlant, il reste vers les 50-55%). Les non-franco semblent actuellement assez divisés entre les autres options mais si le barrage devait briser (dans le sens que la CAQ ferait une percée), là aussi cela assurerait Legault comme Premier Ministre. On avait vu cette situation en 2012 mais ces électeurs avaient probablement voté PLQ au final pour barrer le PQ. Les choses pourraient être différentes cette année.




Projections par circonscriptions:


La loi de Betterridge des titres dit que si un article a une question dans son titre, la réponse est non. Cet article ne fait pas exception. La réponse courte est non, la CAQ n’a pas encore gagné l’élection provinciale de 2018.

Cet article se veut un regard sur la course à quelques jours du début (officiel) du scrutin. Il s’agît aussi d’un complément à mes projections pour le Journal de Montréal, basées sur le dernier sondage Léger. Ce dernier place la CAQ 6 points devant le PLQ. Le PQ est loin en troisième à 18% tandis que QS est à 10%.



En me basant uniquement sur ce sondage, cela donnerait à François Legault 93% de chances de gagner, dont 68% de chances d’avoir une majorité. 93% est une probabilité très élevée mais il y a plusieurs raisons de penser que cette élection est loin d’être jouée. Pour plusieurs raisons.

1. Les élections au Québec comptent

L’électorat Québécois est volatile. De loin le plus volatile au pays. Si ce n’était pas le cas, Pauline Marois serait actuellement en train de briguer un 2e mandat majoritaire et Thomas Mulcair serait Premier Ministre. Il y a eu la vague ADQ en 2007, la vague orange en 2011. En 2014, Le PQ commençait la campagne en tête (après des mois de progression grâce à la Chartre) mais tombait rapidement et laissait filer le PLQ en tête. 2015 a aussi vu l’effondrement du NPD et la montée de Trudeau.

Cette fois-ci, il est clair que la majorité des électeurs veulent du changement. Le désir n’est peut-être pas aussi prononcé qu’en CB l’année dernière ou en Ontario il y a 3 mois, mais il est bel et bien là. La CAQ s’est idéalement placée depuis 18 mois afin de récolter ces votes du changement. Legault a réussit à attirer des votes du PQ, PLQ et de QS. Il a positionné son parti bien plus au centre que la défunte ADQ (objectivement parlant, si vous lisez le programme de la CAQ, bien peu d’éléments sont vraiment de droite).

Le PLQ chute lourdement par rapport à 2014 et se retrouve même sous les résultats de 2012. Même les anglophones semblent, en partie, délaisser ce parti (ce qui n'est pas sans rappeler la campagne en 2012). Il reste que la formation Libérale bénéficie de plusieurs comtés assurés. De plus Couillard a prouvé qu’il pouvait faire campagne.

Le PQ a vécu une dernière année horrible et, soyons honnêtes ici, n’a actuellement aucune chance. 40 jours de campagnes peuvent changer cela, mais si l’élection avait lieu demain, la vraie bataille du PQ serait de gagner davantage de sièges que Québec Solidaire. Reste que Lisée est un fin stratège et je ne serais pas surpris de voir le PQ progresser durant la campagne. Il reste un nombre non-négligeable de souverainistes et le PQ va se positionner plus à gauche que la CAQ. Aussi, remarquer que l'interval de confiance pour le PQ va de 5 à 20 sièges. Cela veut dire que ce parti est pas mal à son plancher actuellement. Une moyenne des projections vous donnerait le PQ plutôt vers les 10 sièges (ce qui resterait terrible).

Quant à Québec Solidaire, après avoir vu les sondages la placer à 15% et plus (après l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois), cette formation se retrouve vers les 10%. Ses sièges actuels semblent assurés (même Mercier avec le départ de Khadir), en grande partie car le PQ a chuté entre temps. C’est une nouvelle ère pour ce parti qui a perdu ses deux chefs historiques et la barre de succès est à 10% selon moi. Un résultat en-dessus serait un échec. Une progression hors de Montréal (Gaspésie par exemple?) serait aussi la bienvenue (en votes, pas sièges réalistiquement).

Le Parti Conservateur du Québec voudra probablement atteindre les 3-5% mais surtout faire un meilleur score dans la région de Québec. Son chef se présente dans Chauveau et tant les projections qu'un sondage local le place en 3e position. La barre des 10% n'est pas un objectif irréaliste.

Les Verts existent toujours (leur chef s'étant présenté dans genre 10 partielles!) et se retrouve à plus de 4% chez Mainstreet mais seulement 2% chez Léger. Ce parti semble séduire chez les non-francophones.

Finalement le NPDQ fait ses débuts... Il est inclut dans Léger mais pas Mainstreet. Il sera probablement difficie de projeter ce parti si seulement la moitié des sondages offrent cette option. Surtout que les nouveaux partis sont toujours plus compliqués à projeter.

La récente élection en Ontario a montré qu’un parti largement en tête au début (les Conservateurs) s'est en fait retrouvé sous la menace du NPQ jusqu’à la fin (le NPD avait possiblement l'avantage avec 1 semaine à faire!). Legault va ainsi devoir défendre son avance tout en étant attaqué de toutes parts. La CAQ est dans une situation à double tranchant : elle attire de partout mais elle peut aussi perdre partout.

Finalement, et tel que mentionné par le JdM, une part importante des électeurs peut encore changer d'avis (12% d'indécis et 45% peuvent changer).


2. Tous les sondages n’ont pas la CAQ autant en avance

Mes projections pour le Journal de Montréal étaient basées sur le dernier Léger (vu qu’ils avaient commandé ledit sondage). Un sondage avec une grande taille d’échantillon et d’une firme réputée. Cela étant dit, nous avons aussi les sondages Mainstreet maintenant (il faut payer cependant pour avoir accès) et ces derniers montrent la CAQ plus proche des 30% que des 40% (ils ont aussi le PLQ un peu plus bas que chez Léger). Si je fais la moyenne des deux et accorde un peu plus d’indécis au PLQ (prime à l’urne, sous-estimation typique des gouvernements sortants, etc), j’aurais le PLQ à 30% et la CAQ à 34.5%. Une avance de moins de 5 points.

La CAQ resterait favorite mais les probabilités seraient maintenant de 11% pour les Libéraux et 88% pour la Coalition. De plus, les chances d’une majorité Caquiste ne seraient « que » de 54%. Très loin d’être assurée. Littéralement à peine meilleur que pile ou face. Et si l’on commence à parler gouvernement minoritaire, alors là plusieurs possibilités et complications existent.

Peut-être plus pertinente est la question de savoir si la CAQ a un avantage électoral. Après tout, il est bien connu que le PLQ devait en général récolter 3-5 points de plus en termes de votes que le PQ afin de remporter le plus de sièges. On peut imaginer que la CAQ a le même avantage grâce au vote francophone. Le graphique ci-dessus vous montre une estimation de cette question.



L’axe horizontal vous montre la différence entre la part des votes de la CAQ et la part pour le PLQ (ainsi, +2 signifie que la CAQ gagnerait le vote populaire par deux points). Comme vous pouvez le voir, en cas d’égalité du vote populaire (0 sur l’axe horizontal), la CAQ aurait quand même 80% de chances de gagner le plus de sièges. Pour avoir une course 50-50, il faut que le PLQ soit en avance par environ 3 points (50% sur l’axe vertical et -3 sur l’horizontal). Ces chiffres sont valables pour la CAQ vers les 30-35%, le PLQ vers les 27-32% et le PQ vers les 18-20%.
Ce graphique montre que tant que la CAQ sera en avance dans le vote populaire, ses chances de gagner le plus de sièges resteront bonnes. Mais rien ne serait garanti, en particulier une majorité.


Conclusion

Cette élection est loin d’être jouée d’avance. La CAQ démarre en tête et favorite, cela ne fait aucun doute. Mais les Libéraux ne sont pas si loin derrière. Le PQ ne peut actuellement espérer prendre le pouvoir mais on a vu de telles remontées dans le passé au Québec. Personnellement, je ne serais pas surpris si on devait se retrouver dans une situation similaire à 2012 où les trois partis sont dans la course à un moment donné.
Je commencerai à faire des mises à jour quotidiennes la semaine prochaine. En attendant, vous pouvez vous amuser à faire vos propres projections avec le simulateur. J’ai ajouté le NPDQ (combien même Mainstreet ne l’inclut plus dans ses sondages).