21 mars 2012: Au lendemain du budget, un sondage Crop La Presse nous confirme ce que Légermarketing nous montrait il y a peu de temps. C'est-à-dire le PQ en tête avec 34%, le PLQ second (et très stable depuis des mois) à 30% et la CAQ qui chute à 24%. Québec Solidaire chute également à un maigre 5%, bien loin des 9-10% d'il y a quelques mois.

En termes de sièges, cela donnerait un gouvernement PQ majoritaire, mais de peu. Crop parle de "gouvernement clairement majoritaire", mais Crop semble bien aimer exagérer un peu lorsqu'il s'agît de parler de sièges (rappelons-nous que Crop parlait "de 100 sièges à la CAQ avec 37% des voix...). Mes projections montrent plutôt un PQ juste majoritaire avec 67 sièges. Le PLQ reste stable, comme toujours, avec ses 42 sièges, la plupart gagnés à Montréal naturellement. Pour la CAQ, être derrière le PQ a de fâcheuses conséquences. Crop mentionne que chez les francophones, le PQ obtient 41% contre 29% à la CAQ. Voilà qui explique les 15 petits sièges projetés pour le parti de Legault (qui ne serait lui-même pas élu). CAQ subirait ici les conséquences du mode de scrutin. La bonne nouvelle? Ce même mode de scrutin a une "zone payante" qui commence vers 25% environ, donc la CAQ n'a pas besoin de monter de beaucoup afin de faire d'importants gains. QS conserverait naturellement son sièges mais ses espoirs de 2e sièges deviennent plus compliqués. Il faudrait une grosse campagne de Françoise David dans son comté.

Pour ce qui est des luttes serrées (victoires par moins de 5%), le PQ en remporte 13 sur 27, le PLQ 15 sur 30 et la CAQ 5 sur 11. Ces nombres semblent raisonnables et aucun parti n'est projeté avec un taux trop élevé de succès dans les courses serrées. Les projections détaillées sont ici. Les luttes serrées sont maintenant indiquées en gris, ce qui facilite la lecture.

Au fait, une information intéressante est fournie dans ce sondage: les électeurs CAQ ont le PQ comme 2e choix à hauteur de 40% et QS à 25%, et seulement 17% pour le PLQ. Ce que cela signifie, c'est que le PLQ et Jean Charest doivent vraiment espérer une légère remontée de la CAQ afin de voler des votes au PQ, diviser l'électorat et ainsi permettre au PLQ d'atteindre 50-55 sièges et de conserver le gouvernement (minoritaire cependant). Aussi, cela confirme ce que l'on a vu lors de la disparition de l'ADQ: une partie de cet électorat vote "pour le parti qui est différent". En effet, il est difficile de justifier de passer de la CAQ à QS du point de vue idéologique. Mais cela fait du sens si vous êtes un électeur désabusé des "vieux partis".

Il faudra attendre les prochains sondages faits après le budget pour voir si le PQ continue sa progression.
La CAQ a beau avoir fusionné avec l'ADQ, ces deux partis sont différents. Ils n'ont pas exactement le même programme et les mêmes positions sur bien des enjeux. D'autre part, comme je l'ai déjà expliqué, il semble que la CAQ n'ait récupéré "que" 75% des votes adéquistes. Sur ces 75%, 50 ont rejoint ce parti dès son annonce (alors que l'ADQ existait encore en théorie), alors que le 25% restant a fait le saut de manière forcée lorsque l'ADQ a fusionné avec la CAQ. Le fait que la CAQ ne recueille pas 100% des votes du parti avec lequel elle a fusionné n'est pas surprenant. Les fusions en politiques ne donnent en général pas 100% de réussite. Pensez par exemple au Parti Conservateur de Stephen Harper lors de la fusion entre l'Alliance et les Progressistes-Conservateurs. Dans bien des régions, les ex-PPC ont rejoint les Libéraux, du moins pendant quelque temps.

Un petit scénario intéressant est de regarder combien de sièges la CAQ remporterait si ce parti récoltait le même pourcentage de votes que l'ADQ en 2008, c'est-à-dire 16.37%. Pour les fins de cet exercice, entrons les autres partis à leur niveau de 2008 également, donc PLQ à 42.08%, PQ à 35.17%, Vert à 2.17% et Qs à 3.78% (vous pouvez faire cette simulation vous-même en utilisant le simulateur). Les résultats? Les voici (avec entre parenthèse les résultats de 2008).

PLQ: 71 (66)
PQ: 50 (51)
CAQ: 3 (ADQ: 7)
QS: 1 (1)

Comment expliquer cela? Pour quelles raisons la CAQ gagnerait-elle moins de la moitié des députés adéquistes de 2008? Voici quelques explications.

1. L'hypothèse (prise en regardant les sondages de la fin de l'année 2011) que la CAQ récolte 75% des votes ADQ est la même partout au Québec. Cela signifie que là où l'ADQ était élevée, la CAQ récupère beaucoup de votes mais en perd également pas mal. Perdre 25% de son vote à Mtl n'est pas très important pour la CAQ, mais c'est une autre histoire en régions. Est-ce réaliste? La réponse est non, mais à date. nous n'avons pas beaucoup d'information sur la part des votes ADQ récupérée par la CAQ. En réalité, il se pourrait la CAQ ait 90% des votes ADQ dans certaines régions et seulement 10% dans d'autres. Mais les sondages actuels et précédents ne nous permettent pas vraiment de faire cette hypothèse. Il serait en particulier fort intéressant de voir le report des votes adéquistes dans les circonscriptions remportées par ce parti en 2008.

2. Regardons les 4 comtés perdus un par un. Tout d'abord, il y a Rivière-Du-Loup. La perte ne vient pas de la fusion, mais du départ de Mario Dumont. Même si la CAQ n'existait pas, l'ADQ ne serait pas projeté gagnante dans cette circonscription. Après tout, ce parti avait justement perdu lors de l'élection complémentaire. Ensuite, il y a les trois pertes additionnelles: Shefford. Cette circonscription n'existe plus en tant que telle sur la nouvelle carte électorale, remplacée par Granby. Selon les documents du DGEQ concernant la transposition des votes 2008 sur la nouvelle carte, Granby aurait été remporté par l'ADQ avec une majorité de 135 voix. Donc retirer 25% du vote ADQ dans cette circonscription et vous avez le résultat: victoire du PLQ. Donc ici, l'explication est un mélange de fusion et de nouvelle carte. Ensuite il y a La Peltrie avec Eric Caire. L'ADQ avait une avance de 3-points environ. Sauf que là encore, retirer 25% et vous avez une très courte victoire Libérale. La marge est tellement mince cependant que ce comté pourrait aller à la CAQ sans trop de problème (on peut cependant se demander combien d'anciens adéquistes soutiendront Caire après que celui-ci ait quitté le parti en 2009). Finalement, il y aurait la perte de Lotbinière. Là, la vraie raison est la nouvelle carte avec cette circonscription qui se retrouve changée de beaucoup. Selon la transposition des votes 2008, l'ADQ n'y aurait récolté que 30% des votes, loin derrière le PLQ et ses 48%.

Au final, le fait que la CAQ n'est pas l'ADQ+d'autres votes mais bien: une partie de l'ADQ+des autres votes, fait en sorte qu'à pourcentages égaux, ces deux partis ne sont pas projetés avec le même nombre de sièges. En particulier, l'ADQ bénéficiait de sièges sûrs et d'une concentration de son vote obtenu au fil des ans (après tout, en 2003, ce parti avait obtenu moins de sièges avec pourtant davantage de voix). La CAQ est une hybride entre l'ADQ et un nouveau parti. Son vote est concentré dans les mêmes régions que l'ADQ, mais légèrement plus étendu (dans le modèle actuel du moins). Ajoutez à cela la perte de Mario Dumont et une nouvelle carte électorale défavorable, et vous avez ce résultat: la CAQ ne remporterait que 3 sièges (peut-être 4). Le grand gagnant d'un tel scénario serait naturellement le PLQ. Mais les sondages actuels ne montrent pas un tel scénario. Si la CAQ est en forte baisse (et en fait se rapproche du score de l'ADQ), le PLQ est lui bien en-dessous de son résultat de 2008.
Last federal election, a lot of things changed. There was the NDP surge (especially in Quebec but in Ontario as well) and the collapse of the Liberals in Ontario. Also, the polls clearly underestimated the share of votes of the Conservatives. Indeed, almost all polls conducted during the last week-end were showing the CPC at around 36-37%, not 39-40%. The underestimation was even worse in Ontario.

I projected a Conservative minority back then for my finale projections. Obviously I was wrong.However, the model works with the percentages as input. If the polls are wrong (as it was clearly the case), the model can't be right obviously. This is one of the reasons why I was wrong. But there is another one: my model wasn't really meant to project the parties in case of really large changes or swings. I actually made that very clear from the beginning of the election. This is why I've now updated the model (for Quebec only for now) as to make it more robust to extrapolation. By extrapolation, I mean when a party is polled way above or below its previous results. For instance in Quebec, the NDP has never done better than 12.5% in recent years before 2011. So to have the NDP at around 40% is obviously a totally different story.

The next federal model will naturally include the new features currently implemented in the Quebec model. However, for the sake of illustration, I went back to the model for the last federal election and I added the extrapolation features for Ontario and Quebec, two provinces with big swings where the model didn't perform as well as expected. The table below displays the old projections, the new projections as well as the actual results. Naturally, I use the true percentages as input.

Ontario
CPC LPC NDP Green
actual 73 11 22 0
model 1.0 63 24 19 0
model 2.0 70 16 20 0
Quebec
CPC LPC NDP Green Bloc
actual 5 7 59 0 4
model 1.0 9 12 44 0 10
model 2.0 8 5 57 0 5


As you can see, the new model would have been a lot closer to the actual results. Let's look at one riding for instance: Mississauga-Brampton-South. This riding is located in the GTA, a region where the Liberals have traditionnally hold up better than in the rest of the province (and the Conservatives have had less success). The old model was translating a 1-point change provincially into (say) a 0.8 change in this region fo both parties. So with the actual observed provincial swings between 2008 and 2011 (+5 for the CPC, -8 for the Liberals and +7.4 for the NDP), the model was projecting a close win for the Liberals: 42% vs 37%. Still a way smaller margin that in 2008 where the LPC won 47.69 versus 32.96.

The new model would have projected a close CPC win, 39% vs 38%. The actual results were a win for the CPC 44% vs 35%. So while it isn't perfect, it shows how the "extrapolation features" manage to correct for the fact that the Liberals had to start losing votes in riding where they were above their provincial average. On the other hand, the Conservatives had to start gaining votes in those ridings where their swing was usually decreased. In this specific riding, it would still have overestimated the Liberals but at least the outcome was right.

What this means is that the new model (currently used for the next Quebec election) gives you the best of the two worlds. When parties are "close" to their previous results, the model transates the provincial swings into riding-level ones taking into account the region, the incumbent and other factors, And when one or more parties enter extrapolation territory, the model correct itself to make better predictions. Of course, mistakes will still (and always) be made since you can have region-year specific effects or the impact of local issues (plus, as before, you need to right percentages).
Bonne nouvelle pour les lecteurs francophones, ce site a désormais un nom en français: si la tendance se maintient. L'adresse URL est donc www.silatendancesemaintient.ca. Le changement devrait être opérationnel d'ici 24h, probablement plus tôt même. (MAJ: cela prend un peu plus de temps que prévu. La redirection ne semble pas encore fonctionner. Je corrigerai cela sous peu.)

Si vous mentionnez mon site, ses projections ou le simulateur, svpl faites-le en utilisant la nouvelle adresse francophone. Comme d'habitude, les billets concernant le Québec seront écrits en français. Le reste du site est également de plus en plus bilingues (mais pas 100% et svpl, ne vous attendez pas à un site 100% francophone ou 100% bilingue).

J'avais envisagé ce nom depuis un bout de temps et les commentaires à mon billet précédent ont confirmé mon choix. Il s'agît en effet d'un nom logique, surtout au Québec. Un grand merci à ceux qui ont pris le temps de poster un commentaire.
Le modèle actuel n'inclut pas un "effet Legaut". En d'autres termes, le chef de la CAQ ne bénéficie pas actuellement d'un léger "boost" ou avantage pour être le leader de ce parti.

Ma question est la suivante: de combien devrais-je "booster" Legault dans sa circonscription de l'Assomption? 5-points? 10-points? Si vous avez une idée (et une justification), faites-la moi savoir. J'apprécie beaucoup.

Pour rappel, ces effets individuels sont rares dans le modèle. Le seul que j'avais vraiment inclus était pour Elizabeth May du Parti Vert du Canada, car il était évident à voir ses résultats précédents qu'elle bénéficiait d'un tel effet.

Aussi, je voudrais ajouter un titre en français au site afin de couvrir la prochaine élection provinciale. Je ne trouve pas adéquat d'avoir les médias référer au site Too Close To Call pour une élection dans la belle province. Si vous avez des suggestions quant au nom à adopter, je les lirai volontiers.
14 Mars 2012: Ce billet a pour but d'expliquer en détails comment le nouveau modèle (quasiment définitif) fonctionne. La principale innovation vient du fait que le modèle est maintenant construit afin d'être robuste à l'extrapolation (i.e: quand un parti obtient un résultat bien au-dessus ou en-dessous de ses résultats précédents), tout en conservant tous les avantages du précédents modèle lorsqu'il n'y a pas d'extrapolation ou de variations très grandes. C'est un billet relativement technique mais illustré et l'objectif est simplement de fournir la méthodologie pour ceux que cela intéresse (et éviter ce que font bien d'autres sites de projections en cachant ou ne publiant pas vraiment leur méthode).

L'idée de base reste la même: utiliser l'information à notre disposition lors d'une élection (les résultats des élections précédentes ainsi que les sondages) afin de projeter le résultat de chaque parti dans chaque circonscription. Puisque le système électoral en place au Canada ne transpose pas les intentions de votes en sièges de manière proportionnelle, il est évidemment primordial de pouvoir interpréter les nombreux sondages en termes de sièges.

L'hypothèse de base est que le pourcentage de voix qu'un parti reçoit dans un comté est son résultat lors de l'élection précédente, plus une fonction de la variation provinciale de ce parti depuis la dernière élection. Cela revient à dire que comme le PLQ a obtenu 42% des voix en 2008, si le PLQ est à 42% dans les sondages actuels, ce parti ne bougera pas dans aucune circonscription. Cela semble fort bien fonctionner mais est naturellement faux en cas de bouleversement régional des intentions de votes. En effet, imaginez que le PLQ soit à 42% mais dans les faits, son support a bougé d'une région à l'autre. L'effet net, au niveau provincial, est zéro. Mais dans les faits, ce parti aurait connu beaucoup de variations. Heureusement pour nous, il semble que ce genre de variations ne soient pas si fréquentes, surtout pas dans la période de temps entre deux élections (soit 2-5 ans).

L'objectif est donc de calculer cette fonction de la variation provinciale. Le modèle le plus simple serait de dire que cette variation est uniforme: si un parti a chuté de 3 points provincialement, alors ce parti va perdre 3 points dans chaque circonscription. Cela fournit une relativement bonne approximation mais ne tient naturellement pas compte des effets régionaux ou du  fait d'être un candidat sortant. Ces effets sont importants et nous estimons que les ignorer est une erreur. Pensez par exemple à Mario Dumont. Lorsque son parti a chuté entre 2007 et 2008 de près de moitié, Dumont n'a pas perdu la moitié de ses votes. Il n'a pas non plus perdu autant de points de pourcentage que son parti. Dans les faits, chaque parti a des régions dans lesquelles il est plus ou moins stable. Le fait d'être le candidat sortant augmente aussi en général la résistance d'un parti.

L'idée est donc d'utiliser les résultats des élections précédentes pour estimer ces coefficients régionaux et le fait d'être le candidat sortant pour chaque parti. Ces coefficients vont ainsi nous permettre de transformer une variation de 1-point au niveau provincial en une variation différente dans chaque région du Québec. L'estimation de ces coefficients se fait par la méthode des moindres carrées ordinaires (MCO ou OLS en anglais). En utilisant un logiciel statistique, je régresse la variation d'un parti dans chaque circonscription sur une série de variables: régions (une variable dichotomique pour Montréal-Est, -Ouest, la Montérégie, etc) ainsi qu'une variable prenant la valeur 1 si le parti a remporté cette circonscription lors de la dernière élection. Ces variables sont interagies avec la variation provinciale du parti (afin de respecter notre hypothèse que si le parti ne bouge pas au niveau provincial, alors il ne bougera dans aucune circonscription. Pour la régression, j'utilise les résultats 2003, 2007 et 2008. Si le mot "régression" ne vous dit, pensez comparaisons. Par exemple, en regardant les résultats précédents, on voit que lorsque l'ADQ gagnait 15-points au niveau provincial, ce parti ne montait que de 10-points dans une région comme Mtl-Est. La régression permet simplement de faire ce genre de comparaisons avec plusieurs variables et contrôles.

Ces coefficients constituent le modèle 1.0. Ce dernier fonctionne fort bien mais peu rencontrer des problèmes si un parti connaît une forte variation depuis la dernière élection. Pensez NPD en 2011 ou ADQ en 2007. Cela arrive car le modèle estime les coefficients en utilisant les résultats passés. Or, la situation pour projeter le NPD lorsque ce dernier récolte 40% des voix est dure à estimer avec des données où ce parti oscillait entre 3% et 9%... Un problème en particulier est que le modèle va prévoir une variation linéaire. Par exemple, si le coefficient pour Mtl-Ouest du PLQ est de 0.5, cela signifie qu'une baisse de ce parti de 1 point provincialement ne se transforme en une baisse que de 0.5 point dans chaque comté de Mtl-Ouest. Cela est correct tant et aussi longtemps que le PLQ ne chute pas trop. Imaginez le cas extrême où le PLQ chute à 0%, cela ferait naturellement en sorte que le PLQ serait à 0% dans les comtés de Mtl-Ouest et aurait donc connu une variation forte importante dans cette région. En gros, le PLQ peut être résistant dans certaine régions, mais à un moment donné, la chute doit venir de ces régions aussi. C'est ce qui est arrivé en parti au PLC dans le GTA (Grand Toronto Area) en 2011. Le PLC était traditionnellement fort stable dans cette région. Sauf que voilà, ces appuis étaient en effet stables lorsque le PLC baissait de 50% à 40% en Ontario. Mais quand ce parti est tombé sous les 30% en 2011, la résistance de cette région a faibli.

Pour illustrer ceci, regardez le graphique ci-dessous. Sur l'axe horizontal, vous avez le pourcentage des votes que ce parti recevrait au niveau provincial. Sur l'axe vertical, vous avez les résultats de ce parti dans une région où ce parti performe mieux qu'ailleurs (Imaginons qu'il s'agît par exemple du PLQ dans Montréal Ouest).



Entre 33% et 45% au niveau provincial, on peut estimer la courbe rouge avec les élection précédentes, vu qu'il s'agît de la rangée de résultats observés pour le PLQ entre 2003 et 2008. Mais au-delà de 46% ou en-dessous de 33%, on commence à faire de l'extrapolation. Comme vous pouvez le voir, entre 33% et 45%, le PLQ est non seulement au-dessus de sa moyenne provinciale, mais il est également plus résistant. En effet, la pente de la courbe rouge est moins abrupte que la pente bleue. Cela signifie que lorsque le PLQ perd 1-point au niveau provincial, ce parti ne perd que (disons) 0.8-point dans cette région. Le modèle 1.0 aurait continué cette relation même en cas de forte chute du PLQ. Cela est représenté par la courbe verte. Comme vous pouvez le voir, cela ne fait pas vraiment de sens. En particulier, lorsque le PLQ est à 0% provincialement, le modèle 1.0 aurait continué de projeter ce parti à près de 40% dans cette région, alors qu'il est nécessairement à 0% dans les faits. La question est vraiment de décider à partir de quand ces ajustements sont nécessaires. Après tout, il est possible qu'un parti résiste vraiment bien pendant très longtemps. Mario Dumont dans son comté aurait probablement obtenu un large pourcentage des votes combien même l'ADQ aurait chuté à 5% par exemple.

Pour le modèle 2.0, je décide que ce genre d'ajustement commence si un parti baisse davantage que 10% sous son plus mauvais résultat provincial lors des trois dernière élection. Pour le PLQ, cela veut dire 2008 et son 33%. Ainsi, cela signifie en gros que je commence à modifier ou à ajuster les projections si le PLQ est à moins de 30% dans les sondages. Encore une fois, ce 10% est totalement arbitraire et je pourrais le changer ultérieurement. Cela signifie quand même qu'aucun ajustement n'est fait si le PLQ pointe entre 31% et 49%, un interval pas si petit que cela.

Cependant, l'ajustement est très progressif et n'affecte pas toutes les circonscriptions. Premièrement, je n'ajuste que les comtés dans lesquels le PLQ est au-dessous de sa moyenne provinciale. En effet, pas besoin de le faire si ce parti performe déjà moins bien dans cette circonscription qu'en moyenne (i.e: si la courbe rouge est déjà sous la ligne bleue). Deuxièmement, l'ajustement se fait ainsi: intentions de votes du parti/le seuil * différence entre la projection dans une circonscription et la moyenne provinciale de parti (=les intentions de votes du sondage). En mots, cela signifie que si (mettons) le PLQ est à 20% dans les sondages mais est toujours projeté à (mettons) 50% dans un comté de l'Ouest de l'île, alors l'ajustement se fait ainsi: 50%-1/3*(50%-20%). Le 1/3 vient du fait que le PLQ, a 20%, a perdu 1/3 de ses voix sous le seuil. Donc je retire de la projection 1/3 de la différence entre la projection (qui, rappelons-le, est au-dessus de la moyenne provinciale pour ce parti) et la moyenne nationale, c'est-à-dire ici 30%. Donc le PLQ serait projeté non pas à 50% (ce qui arriverait avec le modèle 1.0 qui ferait juste continuer le pente de la ligne rouge partout tel qu'illustré par la ligne verte), mais à 40%. Toujours supérieur à la moyenne provinciale, mais une chute plus importante. Et à mesure que le PLQ se rapproche de 0%, la projection est aussi ajustée afin de réduire de plus en plus l'écart entre la projection et la moyenne nationale. Comme vous pouvez le voir, dès que que l'on ajuste le résultat, la pente de la ligne rouge est davantage abrupte que la ligne bleue. Une façon plus sophistiquée serait d'avoir un ajustement moins linéaire. Mais pour l'instant, cela est suffisant. Après tout, les grands changements ne sont pas si fréquents en politique.

Un ajustement similaire se fait pour les circonscriptions sous la moyenne provinciale d'un parti si ce dernier connaît une forte poussée. En gros, cela ajuste pour le fait que si le NPD grimpe à 40%, alors ce parti aura augmenté même dans des régions traditionnellement peu séduite par ce parti.

Au final, pas besoin de comprendre tout cela afin de profiter des projections ou même d'utiliser le simulateur. Sachez simplement que le modèle actuel vous permet d'entrez les pourcentages que vous voulez. Donc si vous voulez voir ce qui arriverait si le PQ chutait à 15%, vous pouvez le faire. Rappelez-vous cependant que de telles variations sont de l'extrapolation et sont potentiellement moins fiables que si vous restez "proches" des intentions de résultats passés.

Ce billet (en anglais cependant) vous montre comment ces ajustements peuvent aider à avoir de meilleures projections lors de grands changements, comme ce fut le cas en 2011 au fédéral.
11 Mars 2012: Le dernier sondage Légermarketing nous confirme la tendance observée le mois dernier, c'est-à-dire une forte remontée du PQ et un recul de la CAQ. Les autres partis étant relativement constants, même si Qs observe une légère baisse par rapport à certain sondages parus au cours des derniers mois.

En termes de projections de sièges, l'avance du PQ se traduirait en effet par une majorité. Avec une forte avance chez les francophones, le PQ est projeté à 72 sièges. Cela constitue une majorité relativement stable. Cependant, remarquez que le PQ est impliqué dans 23 courses serrées (là où la victoire se décide par moins de 5 points) et en gagne actuellement 11. Cela signifie qu'au pire des cas, le PQ pourrait ne remporter que 61 sièges (bien sûr, dans le meilleur des cas, le PQ pourrait remporter toutes ces luttes serrées et se retrouver avec 84 sièges). Donc une majorité stable mais pas assurée à 100%.

Le PLQ se retrouverait avec un maigre 33 sièges. Quant à la CAQ, ses 19 sièges lui procurait certes le statu de parti officiel mais à voir les attentes de ce parti ainsi que les sondages des mois passés, cela constituerait une contre-performance à coup sûr. Finalement, QS n'est plus projeté gagnant dans Gouin. La faute à la baisse des intentions de votes de ce parti ainsi qu'à la hausse du PQ (son adversaire dans ce comté). Cependant, Françoise David serait proche de la victoire et une bonne campagne (à laquelle on peut s'attendre de la part de QS dans ce comté) et un deuxième siège QS est tout-à-fait possible.

Les projections détaillées sont disponibles ici. Vous pouvez également vous amuser avec le simulateur ici. J'ai mise-à-jour le modèle afin de le rendre davantage robuste à l'extrapolation. J'expliquerai les détails sous peu mais maintenant, si vous mettez un parti à 0% provincialement, ce parti sera naturellement projeté à 0% dans chaque circonscription. Je maintiens cependant qu'un tel modèle fonctionne mieux si les partis se retrouvent "proches" de leurs résultats précédents. Mais au moins le nouveau modèle et simulateurs peuvent vous permettre de faire des simulations plus "extrêmes".

En quelques mots, le modèle tient compte maintenant du fait que malgré le fait que chaque part ait des châteaux-forts dans lesquels sont vote est plus stable, si ce parti baisse de beaucoup au niveau provincial, il se doit également de baisser dans ces comtés "sûrs". Par exemple, Mario Dumont était très stables dans sa circonscription, peu importe si l'ADQ était à 8% ou 33% au niveau provincial. Cependant, si l'ADQ avait chuté à 0% lors d'une élection, alors Mario Dumont aurait nécessairement dû perdre ses votes également. Bien sûr, il s'agît ici d'un cas extrême mais vous pouvez comprendre la logique. Le résultat ici en l'occurrence est que le PLQ est projeté avec moins de sièges que dans le modèle précédent. Cela arrive car à seulement 28%, le PLQ est même largement au-dessous de son pire résultat observé depuis 2003 (33% en 2007). Le modèle ainsi "punit" le PLQ davantage.

Bon dimanche à tous et je posterai bientôt la méthodologie détaillée.