30 Juillet 2012: La ligne de départ


La campagne débute dans 2 jours (chut, c'est techniquement un secret). Voici la situation selon les deux plus récents sondages. Je n'ai toujours pas pu trouver les résultats pour les "petits" partis pour le dernier sondage Crop, mais un grand merci à Sylvain sur twitter pour m'avoir fourni cette image du sondage Repère (qui, rappelons-le, avait été commandé par le PQ, alors que le Crop était commandé par la CAQ).

Ces sondages récents montrent une situation relativement similaire au dernier Léger de Juin par exemple. La seule vraie différence est la remontée de la CAQ au-delà des 20% (un seuil critique, mais pas autant que le seuil des 25%, dans l'optique de remporter des sièges). En faisant la moyenne des deux sondages (sauf pour QS, Vert et ON vu que nous avons les résultats que dans le Repère), voici les projections détaillées.

Certains pourront demander: pourquoi faire une moyenne des deux sondages? La raison principale est vraiment d'avoir un résultat plus précis. Un sondage unique, avec seulement 1000 répondants, continue d'avoir des marges d'erreurs importantes. Donc il se peut qu'un sondage ait le PLQ en haut de la fourchette et ce sondage sera "compensé" par un autre ayant le PLQ en bas par exemple. Les projections de sièges sont très sensibles à des changements de 1-2 points de pourcentages. Le problème est en général moins important pour les élections provinciales que pour les élections fédérales. En effet, au fédéral, vous avez 1000 répondants pour tous le pays. Cela signifie à peine 300 environ au Québec. Ainsi, les pourcentages du Québec sont hautement imprécis. Pour le Québec, nous pouvons avoir le même problème pour les différentes régions, mais les pourcentages nécessaires pour le modèle sont les pourcentages provinciaux.

Les deux sondages utilisés ici sont une parfaite illustration de la sensibilité des projections de sièges à de petites variations des intentions de votes. En utilisant seulement le Crop, on obtient PQ minoritaire avec 55sièges. En utilisant seulement le Repère, on obtient PQ majoritaire avec 67 sièges! Et tout cela en changeant le PQ de 31% à 33% et le PLQ de 33% à 30% seulement. Ainsi, vous voyez l'importance d'avoir les bons pourcentages afin de faire des projections justes. Au final, durant la campagne, je ferai une moyenne pondérée des sondages récents (la pondération varie et est quelque peu arbitraire, mais elle est fonction du temps passé depuis la publication du sondage ainsi que de la taille d'échantillon, etc) et cela constituera mes "projections officielles" publiées non seulement dans un billet, mais également dans la marge à droite de la page principale. Cependant et afin de satisfaire la demande, je transformerai chaque sondage en projections. Comme d'habitude, vous êtes également libres de le faire vous-mêmes en entrant le sondage dans le simulateur.

Le fait que nous avons un système électoral qui fait en sorte 1) que le nombre de sièges remporté varie considérablement pour chaque petit point de pourcentage et 2) puisse donner une majorité à un parti avec seulement 1/3 des votes est pas mal ahurissant selon moi. Je ne tenterai pas de vous convaincre ou même de lancer un débat, mais avouez qu'avoir une majorité avec 33% seulement (et cela, peu importe la couleur du partie) reste difficile à justifier. Parlant de cela, est-ce que quelqu'un connaît le niveau de soutien le plus petit avec lequel un parti a été élu avec une majorité? Je demande car si cela devait arriver avec 33% seulement, je me demande si nous n'aurions pas un record. Bien sûr, la majorité projetée du PQ avec le sondage Repère est très fragile et repose entièrement sur un nombre important de victoires dans les courses serrées.

Donc voici, selon moi, la ligne de départ de cette élection. En d'autres mots, voici sur quoi je miserais mon argent aujourd'hui.

1. PQ minoritaire. Une majorité est possible mais improbable pour l'instant. QS risque de gruger 2 sièges, ON risque de lui coûter un autre siège et le PLQ est en général bon pour survivre dans les luttes serrées.

2. PLQ 2e, avec la victoire possible. Sauf que contrairement au PQ, le PLQ a besoin d'une avance (dans les intentions de votes) légèrement plus importante afin de remporter une majorité. Cependant, le vieux dicton comme quoi le PLQ a besoin de 5-points d'avance pour gagner semble maintenant exagéré. C'était vrai en 98, mais plus maintenant. Au final, et à l'heure actuelle, le meilleur scénario pour les Libéraux reste un gouvernement minoritaire. Est-ce que Charest et Marois survivraient à cela? Pas si sûr, surtout dans le cas de Marois.

3. La CAQ est trop loin derrière pour espérer gagner. Bien sûr, on parle du Québec ici et les vagues et autres grands changements arrivent relativement souvent (ADQ 2007, NPD 2011). Pour l'instant, l'objectif principal de la CAQ devrait de rester au-dessus des 20%. Cela fait particulièrement mal au PLQ et permettrait à François Legault de composer avec un bon groupe de député et même de détenir la balance du pouvoir.

4. QS conserverait Mercier facilement. Quant à Gouin, le modèle lui accorde ce 2e siège si ce parti remporte 9% des voix. Mais pas forcément à 8% (cela dépend naturellement du niveau du PQ). Naturellement, prenez cela avec un grain de sel. Ce que cela signifie, c'est qu'avec le PQ dans les bas 30% et QS à 7-9%, Gouin sera serré et QS aura besoin de travailler dur afin d'envoyer un 2e député. Si on me demandait de parier aujourd'hui, je miserais sur 2 sièges pour QS.

5. Les Verts n'ont virtuellement aucune chance de faire élire un député et le modèle devra être ajusté dans le cas où ce parti ne présenterait pas 125 candidats (ce qui est fort probable).

6. Option Nationale reste la grande inconnue. Ce parti bénéficie d'une présence médiatique plus grande que ce qui serait attendu avec un parti à 1-2% dans les sondages. Son chef est connu (et député sortant!) et son message relativement clair. Projeter ce parti reste très compliqué vu qu'il s'agît d'un nouveau parti. La seule chose sûre pour le moment: ON sera un joueur dans Nicolet-Bécancour. Aussant ne remportera peut-être pas ce siège, mais sa présence aura un impact important sur le gagnant (je parlerai d'ON davantage durant la campagne naturellement).

Alors voilà, à vos marques, prêt, et c'est (presque) parti pour 1 mois de campagne. Une élection qui sera intéressante (on dit toujours ça, mais les sondages montrent vraiment un Québec divisé) et possiblement très sale (chaude lutte+dernière chance probablement pour les deux chefs des principaux partis=tous les coups sont permis).